Les néonicotinoïdes sont accusés de s'attaquer au système nerveux des insectes, désorienter les pollinisateurs, et ainsi contribuer au déclin spectaculaire des colonies d'abeilles.
L'Union européenne a décidé vendredi d'élargir l'interdiction de trois néonicotinoïdes, des pesticides jugés dangereux pour les abeilles, à toutes les cultures en plein champ, au nom de la défense de la biodiversité et de l'environnement.
Cinq néonicotinïdes étaient jusqu'à présent autorisés dans l'UE: les trois sur le point d'être interdits, l'acétamipride ainsi que le thiaclopride, dont la licence expire à la fin du mois.
L'avenir de la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame - des substances neurotoxiques qui s'attaquent au système nerveux des insectes largement utilisées - était en suspens depuis 2013, après une première évaluation négative de l'Efsa (Agence européenne pour la sécurité des aliments).
L'agence européenne a confirmé son opinion fin février, venant soutenir la volonté de l'exécutif européen d'élargir l'interdiction.
Celle-ci s'appliquera désormais à toutes les cultures en plein champ, avec pour seule exception les usages en serres, à condition que graines et plantes ne quittent pas leur abri fermé. Bruxelles espère qu'elle rentrera en vigueur d'ici à la fin de l'année.
La filière de la betterave exposée
La filière de la betterave, jusqu'ici épargnée par les restrictions, va être particulièrement exposée, selon le principal syndicat d'agriculteurs en Europe, le Copa-Cogeca.
"Il nous faut de meilleures conclusions (scientifiques, ndlr) sur l'enrobage des semences et l'utilisation sur des cultures sans floraison. Pour nous, il n'y a pas de danger sur ce type de cultures", a assuré Joachim Rukwied, président du Copa.Eric Andrieu, porte-parole des sociaux-démocrates pour l'Agriculture au Parlement européen, a salué un vote "essentiel pour l'avenir de la biodiversité et notre agriculture", alors que "les abeilles pollinisent 84% des cultures européennes et 4.000 variétés de végétaux, et que le taux de mortalité des abeilles atteint les 80% dans certaines régions d'Europe".
Pour certains apiculteurs, il faut aller encore plus loin. "Je ne suis pas soulagé du tout par cette décision aujourd'hui de suppression des néonicotinoïdes, sur laquelle nous nous battons depuis 20 ans. Car les trois substances interdites ont été remplacées par d'autres pires encore, notamment le thiaclopride, et le massacre des abeilles continue", a avancé José Nadan, secrétaire du syndicat des apiculteurs professionnels de Bretagne, et membre de la Fédération française des apiculteurs professionnels.